Côte d’Ivoire : Dette publique dissimulée et gouvernance budgétaire sous Ouattara

Une réélection déjà en marche ?
À quelques mois des prochaines élections, la question de la candidature du président sortant Alassane Ouattara reste au centre du débat. D’un point de vue logique, si le chef de l’État n’avait pas l’intention de briguer un nouveau mandat, il l’aurait annoncé depuis longtemps.
Les arguments classiques – « le peuple le réclame » ou « le délai est trop court pour trouver un candidat alternatif crédible » – devraient être utilisés pour justifier une éventuelle candidature. Dans ce contexte, un dialogue politique pourrait être initié, non pas comme un réel espace de concertation, mais comme un outil pour désamorcer les tensions et légitimer une décision déjà arrêtée.
Dette publique : une réalité masquée
Depuis 2011, la Côte d’Ivoire affiche une croissance économique qualifiée de « miracle ivoirien ». Pourtant, selon plusieurs rapports, dont ceux de la Cour des comptes, une partie significative de la dette publique ne serait pas comptabilisée.
Cette opacité budgétaire remet en cause la sincérité des finances publiques et fausse l’évaluation de la santé économique du pays.
1. Des engagements financiers non enregistrés
Tout comme au Sénégal, certaines dettes et financements internationaux ne sont pas intégrés dans la comptabilité officielle. Cette pratique entretient une vision artificiellement positive des ratios dette/PIB.
2. Constats alarmants de la Cour des comptes
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Prêts non enregistrés : 75 millions d’euros de la BAD exclus des comptes.
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Absence de suivi : seuls 2 établissements sur 22 bénéficiaires de prêts rétrocédés sont suivis.
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Dépassements illégaux : modification du budget 2022 sans respecter la loi organique.
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Projets hors budget : décaissements non comptabilisés (ex : PAGDS, 100 M USD).
3. Estimations des dettes omises
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2020 : 1,92 milliard USD (1 100 milliards FCFA)
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2021 : 450 millions USD (270 milliards FCFA)
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2022 : 405 millions USD (243 milliards FCFA)
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2023 : 265 millions USD (159 milliards FCFA)
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2024 : 2 milliards USD (1 300 milliards FCFA)
Ces chiffres concernent uniquement les anomalies documentées. Le niveau réel d’endettement pourrait être bien plus élevé.
Les conséquences économiques et démocratiques
Cette gestion budgétaire opaque entraîne plusieurs risques :
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Sincérité budgétaire compromise : les soldes publiés ne reflètent pas la réalité.
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Surendettement masqué : les ratios officiels sont sous-évalués.
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Perte de confiance : citoyens et bailleurs doutent de la transparence de l’État.
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Affaiblissement du Parlement : les lois financières sont contournées.
Conclusion : un héritage à hauts risques
La gouvernance économique d’Alassane Ouattara a permis des infrastructures et une croissance soutenue, mais au prix d’une dette publique sous-évaluée et dissimulée. Le prochain président devra gérer cette bombe budgétaire, restaurer la transparence et redonner confiance aux Ivoiriens ainsi qu’aux partenaires internationaux.
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